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La victoire écrasante du Rassemblement national dans 93 % des communes du pays dans les élections européennes est de sinistre augure pour les travailleurs et les minorités. Ce résultat et la dissolution du parlement par Macron mettent en lumière la grave crise du mouvement ouvrier, face à laquelle les vieilles recettes ne serviront à rien. Mais depuis dimanche les mélenchonistes ont mis en avant centralement la nécessité de reconstituer la NUPES qui nous a menés à la défaite des retraites et à la nouvelle progression du RN. Selon toutes les apparences ils viennent de réussir à faire alliance avec les bellicistes pro-ukrainiens du PS et avec les partisans de l’ordre républicain dans les banlieues du PCF. PS et PC venaient de passer six mois à vilipender les mélenchonistes en les taxant en termes à peines voilés d’antisémitisme parce que LFI refusait de ramper devant Macron sur la question palestinienne. On voit tout le rôle traître des mélenchonistes avec ce front populaire. Ils font revivre l’illusion qu’on pourrait stopper l’avancée de l’extrême droite avec des alliances libérales-républicaines et ils empêchent ainsi la lutte pour un pôle ouvrier contre la bourgeoisie.

Il est urgent de constituer une vraie alternative ouvrière. Nous appelons le NPA-R, Révolution permanente et LO à former une alliance ouvrière dans ces élections, contre la droite et le front populaire, c’est-à-dire la NUPES-bis du PS-PCF-LFI. Il faut forger immédiatement une telle alliance cette semaine à temps pour les législatives, mais aussi afin de préparer les prochaines présidentielles et plus largement préparer une véritable alternative ouvrière à la réaction.

Si une telle alliance devrait sembler une perspective naturelle pour des gens qui se proclament révolutionnaires, les obstacles se trouvent dans ces mêmes organisations. Tous affirment être opposés à LFI et à la NUPES. Mais tous refusent de mener une lutte frontale contre leur influence de peur d’être accusés d’aider le RN. C’est précisément ce refus qui condamne l’extrême gauche à la marginalité et garantit la montée inexorable de la droite.

LO semble de son côté avoir déjà décidé de présenter toute seule ses propres candidats dans toutes les circonscriptions du pays et de ses colonies. Elle pense avec ce sectarisme maintenir pur et immaculé son drapeau rouge. Mais toute la tâche pour des révolutionnaires est de mettre les mains dans le cambouis en luttant directement pour la direction de la classe ouvrière en montrant une voie concrète de lutte pour aujourd’hui et pas pour l’avenir indéfini.

Dans les élections européennes nous avions appelé à voter pour LO en soulignant que, pour battre la droite, elle devait défendre les jeunes des quartiers et lutter pour la libération de la Palestine. Son rejet de cette politique lui a coûté cher, notamment dans le 9-3.

Dans notre campagne nous avons interpellé LO sur la nécessité de lutter contre l’influence croissante des mélenchonistes, à quoi LO nous a invariablement répondu qu’elle lutte contre le capitalisme. Mais comment le faire sans lutter contre l’obstacle sur cette voie, c’est-à-dire LFI ? Jean-Pierre Mercier nous a pourtant répondu lors d’un meeting au Havre que l’ennemi n’est pas le mélenchonisme mais le RN – alors que c’est le refus de la gauche de lutter pour une alternative ouvrière aux mélenchonistes qui pave la voie au RN.

Quant au NPA-R, il faudrait qu’il rompe avec sa ligne pro-ukrainienne et pro-UE, qui l’enchaîne au char de la bourgeoisie française, alors que celle-ci est en première ligne de la défense de l’ordre mondial libéral made in USA.

RP, de son côté, a lancé dès dimanche des appels à « construire un front par en bas face à la situation » et à chercher « l’unité de celles et ceux qui défendent une telle logique d’indépendance de classe, sans illusion sur les perspectives électorales ». Ils critiquent à juste titre l’« impasse » du front populaire et ils insistent, tout comme le fait le NPA-R, sur l’importance de la mobilisation dans les rues. Il va y avoir pas mal de mobilisations anti-RN dans la rue ces prochaines semaines, mais toute la tâche est de leur donner une direction opposée au front populaire. A défaut de cela ces mobilisations continueront de servir de point d’appui au nouveau front populaire contre le RN ! La question est la suivante : RP est-elle prête à ramer contre le courant mélenchoniste, en cherchant à se présenter comme une alternative à LFI et au front populaire ?

Le temps presse, nous appelons les militants de ces trois organisations à débattre de ces questions pour dégager la voie qui permettrait une alliance de l’extrême gauche marxiste et qui donnerait une alternative ouvrière face à l’extrême droite. Pas juste dans les circonscriptions où le front populaire est certain de gagner, mais à l’échelle nationale. Pour une alliance de LO, du NPA-R et de RP !

Ligue trotskyste de France
11 juin 2024