https://iclfi.org/pubs/lb/235/argentine
Nous reproduisons ci-après la traduction d’un supplément à Spartacist du 7 mai sur l’Argentine. La CGT, dirigée par les péronistes, est la principale confédération syndicale argentine. Les CTA (Centrale des travailleurs argentins) sont deux confédérations dissidentes et le FIT-U (Front de gauche et des travailleurs - Unité) est un bloc de quatre organisations se réclamant du trotskysme, dont le PTS (Parti des travailleurs socialistes) auquel est lié le groupe Révolution permanente en France.
La gauche tout entière est en plein déni. Milei continue à avancer avec son plan réactionnaire pour écraser le mouvement ouvrier et vendre le pays aux impérialistes. Mais la vérité, c’est qu’il n’a face à lui aucune opposition sérieuse. La bureaucratie syndicale est en train de trahir sans vergogne nos intérêts : même si elle organise des manifestations et des grèves de temps en temps, elle a montré clairement qu’elle ne veut pas de confrontation avec le gouvernement. En réalité, elle a fait le contraire. Son « contrat social » pourri avec le gouvernement livre les travailleurs à Milei. Si l’on continue sur la trajectoire actuelle, le mouvement ouvrier subira une défaite historique, avec des conséquences catastrophiques pour toute l’Amérique latine.
Mais la gauche refuse criminellement de changer la direction des évènements et de défier les dirigeants actuels du mouvement ouvrier. Elle peut bien critiquer la bureaucratie syndicale et appeler à des grèves nationales, mais elle ne cherche pas à mobiliser la base des syndicats pour répudier la trahison de leurs dirigeants et se battre contre le pillage du pays.
Cette faillite était manifeste le Premier Mai. Que ce soit en prétextant que la bureaucratie syndicale est totalement discréditée et qu’il n’y a pas d’illusions en elle, ou en traitant les travailleurs qui se mobilisent dans les manifs de la CGT comme s’ils étaient complices des trahisons de leurs dirigeants, la plus grande partie de la gauche a boycotté la manifestation syndicale et a appelé à des manifs « indépendantes » séparées du gros de la classe ouvrière. Au lieu de présenter aux dizaines de milliers de travailleurs syndiqués une véritable opposition à la bureaucratie de la CGT, la gauche s’est isolée elle-même dans sa tour d’ivoire. Ce faisant, elle a abandonné les travailleurs entre les mains de leur direction péroniste, sans aucunement défier celle-ci.
Le FIT-U lui-même n’a pas la moindre idée de comment faire avancer la lutte. Il a applaudi la mobilisation massive du 23 avril contre la menace de fermeture des universités. Mais le lendemain, tout le monde était de retour dans les facs comme si de rien n’était. Il n’y a aucun appel à de nouvelles mobilisations ou grèves étudiantes. Personne ne propose quoi que ce soit de sérieux pour faire avancer la lutte pour vaincre Milei après la grève du 9 mai.
La gauche doit changer de cap de toute urgence. Elle doit s’unir derrière un plan de bataille clair, présenter ce plan aux syndicats et l’utiliser pour chasser les dirigeants traîtres actuels. Nous proposons le programme suivant :
POUR UN FRONT DE LUTTE CONTRE LE PILLAGE DU PAYS
Indexation des salaires sur l’inflation réelle !
Annulation de toutes les privatisations !
Répudiation de la dette extérieure !
Chassons Milei !
Pour un gouvernement CGT-CTA et FIT-U !