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14 mai – La gauche se trouve dans une crise profonde. Tout le spectre politique ne cesse de glisser vers la droite depuis des années, et cela s’accélère. Les forces de la gauche sont profondément divisées, notamment sur la question des jeunes des quartiers et de la Palestine, et les lepénistes semblent selon toutes les apparences sur une voie inexorable vers le pouvoir. Les défaites successives du mouvement ouvrier, culminant il y a un an avec la défaite sur les retraites malgré une mobilisation massive et soutenue, ainsi que l’écrasement de la révolte des quartiers suite au meurtre policier de Nahel Merzouk, ont joué un rôle central dans la montée de la réaction et ouvert la voie à l’escalade répressive actuelle visant les militants syndicaux et l’ensemble de la gauche propalestinienne.

Le « front républicain » englobant les forces politiques de la gauche gouvernementale (PS et PC, puis les mélenchonistes) et de droite (RPR-UMP-LR-Macron) s’effondre en écrasant la gauche. Pendant plus de vingt ans, la gauche et la bureaucratie syndicale avaient entretenu soigneusement cette notion de front républicain comme la seule manière de « faire barrage » à l’extrême droite du FN/RN furieusement anticommuniste, antisyndicale et raciste, héritière du pétainisme et du racisme anti-arabe de l’OAS « Algérie française ».

Maintenant le « barrage » des « forces républicaines » se retourne contre la gauche. Macron, avec le soutien du PS et du PC, utilise la notion d’« arc républicain » contre la principale force de gauche, LFI, calomniée d’« antisémitisme » de tous côtés. Certains de ses élus et candidats sont visés par des enquêtes judiciaires pour « apologie du terrorisme », des accusations fabriquées de toutes pièces. Les interdictions de manifestations et de meetings se multiplient, notamment contre les mélenchonistes, et la répression pour « apologie du terrorisme » s’abat sur les militants syndicaux et de gauche, qu’ils soient de Révolution permanente, du NPA, de la France insoumise ou de simples jeunes des quartiers ayant osé tweeter en soutien à la Palestine ou arborer des autocollants dénonçant la complicité de Macron dans le massacre des Palestiniens.

Les occupations en solidarité avec la Palestine d’écoles de prestige (Sciences Po, Sorbonne, Normale Sup…) font systématiquement l’objet d’évacuations brutales par les flics piétinant la « franchise universitaire ». Ils ont placé en garde à vue 86 étudiants à la Sorbonne le 7 mai. Ces occupations restent isolées des quartiers qui demeurent soumis à « punition collective » depuis la révolte de l’été dernier.

Pour sortir de cette crise, il faut comprendre comment nous en sommes arrivés là. Pendant des décennies l’adhésion au « front républicain » a enchaîné le mouvement ouvrier à la bourgeoisie, paralysant la gauche et maintenant la pulvérisant. Pourtant, elle continue à s’y accrocher désespérément. C’est le cas de Mélenchon et la LFI, dont l’attachement au front républicain constitue la principale force de paralysie dans toute la gauche. La leçon évidente qu’il faut en tirer, c’est qu’il faut une rupture complète avec le républicanisme pour que le mouvement ouvrier et les opprimés puissent avancer.

D’un Le Pen à l’autre, le front républicain a pavé la voie à la réaction

Au début des années 1990, la contre-révolution en Union soviétique inaugura la période de « mondialisation » capitaliste dominée par les États-Unis, les puissances impérialistes s’entendant pour piller ensemble le monde « pacifiquement ». L’idéologie correspondante, complètement adoptée par les dirigeants du mouvement ouvrier, était le libéralisme, dont la plupart des dirigeants sociaux-démocrates, des ex-partis staliniens et des dirigeants syndicaux acclamaient ouvertement le triomphe. Même s’il y avait résistance de la part des travailleurs au saccage de leurs acquis, il y avait de la part de leurs dirigeants un profond sentiment que ces choses-là étaient inévitables.

C’est pour faire barrage à l’extrême droite que s’était constitué le « front républicain » sur la base du libéralisme économique et de « l’antiracisme », glorifiant la « République métissée » et l’« égalité de tous ». En Europe le principal instrument de ce système était et demeure l’Union européenne, avec un vernis de libéralisme social « antiraciste » où la gauche faisait l’union avec la bourgeoisie. Ce front républicain avait trouvé son apogée avec l’union sacrée (PS – dont Mélenchon –, PCF, ancêtre du NPA, dirigeants syndicaux...) derrière le politicien de droite Chirac en 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen avait accédé au deuxième tour de l’élection présidentielle. Ce faisant, les organisations du mouvement ouvrier renonçaient à toute perspective de combat indépendante face à la réaction.

Les attaques libérales contre les retraites, les privatisations, les délocalisations et la désindustrialisation, la destruction du système de santé, les attaques contre les syndicats par des gouvernements de droite comme de gauche, tout cela s’est empilé sans arrêt. C’est précisément le soutien du mouvement ouvrier à ces gouvernements de droite et de gauche au nom du barrage contre Le Pen et l’extrême droite qui leur a donné carte blanche pour poursuivre exactement ces politiques anti-ouvrières. Non sans surprise, c’est précisément vers Le Pen et l’extrême droite que se tournent de plus en plus de gens.

L’impérialisme français pourrissant est incapable d’intégrer les jeunes issus de l’immigration, qui sont condamnés à la misère et à la ségrégation dans les banlieues. Afin de maintenir la classe ouvrière divisée et affaiblie, c’est surtout la minorité musulmane que vise la bourgeoisie comme l’ennemi intérieur à abattre. Ostracisée de tous côtés dans cette société en pleine décadence, la minorité musulmane se réfugie en retour de plus en plus dans la consolation imaginaire de la religion, le repli communautaire, avec des explosions de colère contre le statu quo oppressif dans les banlieues, comme en 2005 ou tout récemment. Le point d’appui de la réaction est donc progressivement devenu la guerre contre les banlieues, contre la minorité musulmane et contre l’immigration, que le « front républicain », moins les mélenchonistes, fait sienne pour faire concurrence à Le Pen. Aujourd’hui, quelles que soient ses différences, de Zemmour et du RN à Ciotti et à la macronie, la droite tout entière est d’accord sur une chose : faire la guerre aux banlieues.

Les organisations du mouvement ouvrier aussi se sont peu à peu adaptées elles-mêmes à la montée de la réaction en reprenant notamment le thème traditionnellement de gauche de la laïcité, mais qui maintenant au lieu d’être dirigée contre le cléricalisme catholique de la droite vise la minorité musulmane qui est au cœur de la classe ouvrière dans ce pays. De l’interdiction du voile à l’école en 2004 à celle de l’abaya en septembre dernier, de la révolte des banlieues de 2005 à celle de l’été dernier, de l’interdiction d’associations musulmanes à l’expulsion d’imams jugés « antirépublicains », la plupart de la gauche et la totalité des directions syndicales acceptent et souvent soutiennent ouvertement toutes ces mesures. Dans la mesure où la gauche refuse de confronter cette guerre raciste en prenant la tête de la défense des jeunes des quartiers, elle contribue elle-même à l’escalade répressive, à la division de la classe ouvrière et à l’affaiblissement des syndicats et des conditions de tous les travailleurs.

La bourgeoisie française manipule savamment les traditions anticléricales et les luttes pour les droits des femmes du mouvement ouvrier pour pousser sa campagne contre les musulmans et dresser une partie de la classe ouvrière contre une autre. Ainsi par exemple, une grande partie du corps enseignant s’est érigée en gardienne du laïcardisme républicain. Tout cela suscite à la fois l’hostilité des jeunes des minorités et ligote les travailleurs de l’éducation à
l’État, minant leurs propres luttes – voilà le « front républicain » en action en dehors des périodes électorales !

Le déclin actuel de l’ordre mondial libéral dominé par les États-Unis, menacé de toutes parts, a poussé le système d’alternance des forces républicaines au bout de ses possibilités. Le recours au « front républicain » contre Le Pen au profit de Macron en 2017 et encore en 2022, y compris par Mélenchon, après le quinquennat d’attaques anti-ouvrières et d’offensive réactionnaire antimusulmans du gouvernement « de gauche » Hollande/Valls, n’a fait que renforcer le RN et discréditer davantage les syndicats et l’ensemble de la gauche.

Aujourd’hui, le constat est clair. Le « front républicain » n’a rien fait pour stopper la montée du RN et de la réaction. Au contraire il lui a pavé la voie tout en affaiblissant année après année le mouvement ouvrier, rendu complice des attaques néolibérales et de la guerre contre les banlieues. La colère qui s’est accumulée contre ce système a fini par trouver peu à peu son expression idéologique dans la seule force se trouvant en dehors du « front républicain » et qui, face aux fermetures d’usines et aux délocalisations, employant la démagogie « souverainiste », se présente comme le seul pôle d’opposition au néolibéralisme et à l’antiracisme libéral hypocrite : le FN/RN et l’extrême droite.

Cela fait plus d’un quart de siècle que le mouvement ouvrier va de défaite en défaite parce que les directions syndicales, la gauche et une énorme partie de l’extrême gauche ont toutes soutenu les gouvernements successifs. Ils ont donc refusé de mener la confrontation nécessaire au nom du « front républicain » contre une bourgeoisie française qui, de son côté, est obligée de chercher par tous les moyens à enrayer son déclin aux dépens de la classe ouvrière. Les bureaucrates syndicaux ont accepté chaque mesure limitant le droit de grève, interdisant les piquets de grève, précarisant de façon généralisée les emplois au nom de ce « front républicain » et du soutien à l’UE. Et ils ont accepté chaque mesure policière sous prétexte de « guerre contre le terrorisme » et de combat contre « le péril islamiste » – tout l’arsenal répressif que l’État utilise aujourd’hui contre les quartiers, le mouvement propalestinien et contre les syndicats eux-mêmes.

Entre-temps, le long processus de « dédiabolisation » du FN/RN engagé par Marine Le Pen afin de montrer aux capitalistes qu’il s’agit d’une force politique parfaitement capable de défendre les intérêts et le visage international « éclairé » de l’impérialisme français porte ses fruits. Le soutien sans réserve du RN, au côté du gouvernement, à Israël dans le génocide en cours a permis à ce représentant de l’antisémitisme de se présenter comme un « bouclier » contre « l’antisémitisme » des soi-disant « islamogauchistes », des mélenchonistes à la gauche trotskyste !

Ainsi sommes nous passés du front républicain contre le racisme et le fascisme au front républicain contre « l’islamogauchisme », contre la Palestine, contre la gauche et contre le mouvement ouvrier en général. Voilà le résultat de la politique de collaboration de classe des dirigeants du mouvement ouvrier avec une aile de la bourgeoisie pendant plus de 25 ans.

Mélenchon : Défense des opprimés ou défense des « valeurs de la République » ?

À gauche, tout ce processus a conduit à l’effondrement des partis ouvriers traditionnels (PS et PCF) et à l’hégémonie du populisme républicain de gauche de Jean-Luc Mélenchon et sa France insoumise. La FI représente aujourd’hui le principal pôle de gauche d’opposition à Macron et à la réaction. Les dénonciations que fait Mélenchon du massacre des Palestiniens et du racisme du gouvernement, ainsi que le fait qu’il ait placé une militante franco-palestinienne, Rima Hassan (convoquée entre-temps par la police), en position éligible aux européennes, font de lui le pôle vers lequel se tournent inévitablement la jeunesse antiraciste ainsi que la plupart des militants qui cherchent à s’opposer à cette hystérie répressive réactionnaire. Déjà son refus d’appeler au retour au calme pendant la révolte des banlieues a placé Mélenchon en dehors de l’« arc républicain » aux yeux du gouvernement, du RN, du PCF et du PS (et d’une partie des cadres de LFI tel François Ruffin). Ses dénonciations du génocide en Palestine ont déjà fait exploser la NUPES et menacent toujours de faire exploser LFI elle-même.

Mais le projet de Mélenchon est totalement incohérent, car il est tiré en même temps dans deux directions opposées : il se pose en défenseur des travailleurs et de la minorité musulmane sur la base de la défense des valeurs et des traditions républicaines de l’impérialisme français, qui sont elles-mêmes par nature contraires aux intérêts de la classe ouvrière et des opprimés. Ainsi, concernant la Palestine, Mélenchon appelle à revenir à « la position traditionnelle de la France [...]depuis le Général de Gaulle », à ce que « la France devrait porter la voix de la paix » ou encore il déclare que « la patrie républicaine appartient à tous », etc., alors que la France depuis un siècle et demi a joué un rôle central dans tout le chaos sanglant du Moyen-Orient, y compris en soutenant la création de l’État d’Israël aux dépens du peuple palestinien en 1947.

Tandis que Mélenchon dénonce farouchement l’islamophobie du gouvernement, il continue à défendre la « laïcité à la française » antimusulmans en tant que « pilier de la République une et indivisible » (programme électoral de 2022), y compris l’interdiction du voile islamique à l’école depuis 2004. Autre aspect de son incohérence totale : d’un côté il dénonce la terreur policière au point d’être cloué au pilori par la droite, le PS et le PCF, de l’autre il exige un « service citoyen obligatoire » dont une partie serait « consacrée aux tâches de police » !

Le problème est simple. Il est impossible de défendre les travailleurs et les minorités tout en cherchant à reconstituer un front républicain « de gauche ». Le cul entre deux chaises, avec un pied dans le camp des ouvriers et un pied dans le camp de la bourgeoisie, le projet de Mélenchon et de LFI est voué à l’implosion et l’écartèlement politique. C’est pourquoi LFI, tout comme les bureaucrates syndicaux, est incapable de mener une confrontation avec les capitalistes, et même de mener une défense vigoureuse contre la campagne visant les quartiers, le mouvement ouvrier et LFI elle-même. Lors de la bataille pour les retraites, les mélenchonistes ont travaillé ensemble avec les bureaucrates pour maintenir la lutte dans un cadre acceptable pour la bourgeoisie. Des retraites à la révolte des quartiers et la Palestine, c’est ainsi que LFI paralyse les luttes et les conduit à la défaite à chaque étape.

Et pourtant toute la gauche lui laisse le champ libre, soit en se mettant totalement à sa remorque (NPA-L’Anticapitaliste, POI lambertiste...), soit en adoptant une ligne complètement sectaire et stérile. LO, par exemple, ne fait pratiquement rien pour combattre l’influence du mélenchonisme ou exploiter ses contradictions afin d’arracher à LFI la direction du mouvement. De plus, LO se retrouve à la droite de LFI en refusant de défendre les jeunes des quartiers ou de faire de la libération nationale palestinienne le centre de la stratégie révolutionnaire pour le Moyen-Orient.

Le premier pas pour faire face à la réaction, pour mettre sur pied la défense unitaire du mouvement ouvrier, de la gauche et des opprimés, pour avancer vers la contre-offensive ouvrière qui s’impose, c’est la rupture avec le républicanisme des directions syndicales et des mélenchonistes. Il faut mettre en place, d’ores et déjà, des pôles révolutionnaires au sein des syndicats dans la perspective de forger une direction du mouvement ouvrier dont le point de départ soit les intérêts des travailleurs et le pouvoir ouvrier, et non les « valeurs de la République » impérialistes, anti-ouvrières et antimusulmans !

RP : Aile gauche du mouvement ou rupture avec LFI ?

Révolution permanente (RP) critique la France insoumise mais elle est incapable d’expliquer la crise de la gauche. Elle critique ainsi son « logiciel institutionnel », mais il ne suffit pas d’opposer à LFI l’idée du communisme pour combattre son influence. Il faut montrer comment le républicanisme de LFI paralyse les luttes et a mené à la défaite la bataille pour les retraites et dans l’impasse le mouvement propalestinien et la défense des quartiers. Du coup elle ne peut pas argumenter de façon cohérente et concrète la nécessité d’une rupture avec le mélenchonisme et d’une nouvelle direction.

Ainsi, tout en critiquant les envolées lyriques de Mélenchon sur la République française à propos de la Palestine, selon lesquelles « la France doit porter la voix de la paix », RP a salué comme une « avancée indéniable » le fait que la CGT rejoigne LFI dans l’appel à la manifestation du 22 octobre pour la Palestine qui insistait précisément sur cette « voix de la paix ». Le problème de RP se résume au fait qu’elle se positionne constamment comme l’aile la plus à gauche du mouvement existant au lieu de chercher à le réorienter sur une base fondamentalement différente en offrant une voie concrète pour rompre le statu quo républicain.

C’était frappant pendant la lutte pour les retraites l’année dernière. À l’époque nous avons appelé à des occupations partout comme un point d’appui pour faire exploser le carcan des bureaucrates qui étouffait la grève et ouvrir la voie à une grève générale pour faire tomber Macron. Mais la gauche marxiste a refusé cette voie. RP a mis sur pied un Réseau pour la grève générale (RGG) dont elle est très fière. Mais ce réseau se limitait à des réunions publiques impotentes, regroupant des ouvriers avec des féministes, des mélenchonistes, des écolos, des intellectuels, tous unis autour d’un soutien platonique à l’idée d’une grève générale. Mais la grève générale n’allait pas tomber du ciel. Elle ne pouvait que venir de la base des principaux syndicats industriels à l’avant-garde de la lutte. Et pour cela, il fallait mettre en avant une perspective de lutte pour ces travailleurs contre toute la bureaucratie syndicale – d’où notre appel aux occupations, que le RGG rejetait. Le RGG s’est donc mis lui-même en marge, se limitant à fournir des troupes fraîches pour les bureaucrates les plus à gauche (raffineries, éboueurs) qui étaient à la pointe des secteurs où la grève était la plus forte mais dont le rôle était de la maintenir dans un cadre tolérable pour la bourgeoisie. Ainsi, RP se cantonnait au rôle de l’aile la plus militante du mouvement existant, au lieu d’activement chercher à lui donner une direction fondamentalement différente de celle des bureaucrates.

Si le RGG avait été bâti sur une stratégie révolutionnaire cohérente opposée à la bureaucratie syndicale et aux mélenchonistes, cela aurait fait fuir immédiatement les trois quarts des féministes, mélenchonistes, écolos, etc. Mais cela aurait sans doute permis de mobiliser des forces vives, prêtes à mener une lutte jusqu’au bout pour écraser la bourgeoisie, parmi les couches les plus opprimées des travailleurs, des femmes et des minorités, notamment dans la jeunesse et les quartiers du 9-3 (voir notre article « Encore une défaite – Tirons les leçons cette fois ! », Le Bolchévik n° 233, juin 2023).

RP parle aujourd’hui de la nécessité d’un « plan de bataille » derrière la défense de la gauche et des quartiers, l’opposition à la guerre en Ukraine et la défense de la Palestine. Très bien. Mais quels sont les obstacles ? Parce que ces questions sont taboues pour la bourgeoisie, elles susciteraient nécessairement l’opposition frontale des bureaucrates et des mélenchonistes républicains. C’est pourquoi tout véritable plan de bataille exige non seulement un levier concret (l’imminence des Jeux olympiques est un point de vulnérabilité pour le gouvernement – voir notre article en dernière page), mais de combattre l’influence des mélenchonistes et lutter pour remplacer les bureaucrates par une nouvelle direction.

Pour cela, il faut confronter le problème de la gauche française des trente dernières années. C’est toujours l’illusion d’un front républicain derrière Mélenchon contre la droite qui paralyse la gauche. Il n’est donc pas suffisant de simplement critiquer le chauvinisme (bien réel, certes) de Mélenchon, comme le fait RP. Ou d’exhorter les bureaucrates syndicaux républicains et pro-imperialistes à faire ceci ou cela. Une perspective limitée à certaines critiques, des appels généraux tout en vantant les avantages du communisme condamne les révolutionnaires à rester en marge au lieu de devenir un pôle opposé au mélenchonisme dans la lutte actuelle contre la réaction. Ce qu’il faut c’est mettre en avant une voie pour la lutte de classe qui rende claire la nécessité d’une rupture non seulement avec le mélenchonisme mais aussi avec le républicanisme, en montrant comment l’adhésion à cette idéologie de collaboration de classe bloque constamment le mouvement ouvrier à chaque étape de ses luttes et que, pour cette raison, il faut rompre avec ceux qui la diffusent dans le prolétariat. C’est le pas que RP ne franchit jamais.

Dans la lutte pour forger une nouvelle direction révolutionnaire, nous proposons des mots d’ordre comme :

  • Pas de démocratie ? Pas de JO !

  • Défense unitaire de la gauche ! Abrogation de la législation antiterroriste ! Amnistie de tous les jeunes des quartiers !

  • Rupture avec LFI ! Indépendance de classe prolétarienne ! Chassez les bureaucrates des syndicats !

  • Actions ouvrières pour stopper les livraisons d’armes à l’Ukraine et à Israël ! Du fleuve jusqu’à la mer, Palestine libre, paysanne et ouvrière !

  • Impérialisme français, hors du Moyen-Orient, hors d’Afrique ! Indépendance immédiate pour Kanaky !

  • À bas l’UE, l’euro et l’OTAN !