https://iclfi.org/pubs/lb/238/lo
Nous sommes intervenus à l’AG de la Gare du Nord le 12 décembre pour insister sur la nécessité de briser le carcan des bureaucrates sur les luttes des travailleurs pour avoir une chance de gagner. Il était parfaitement clair pour tout le monde que nous allions vers une nouvelle défaite. Néanmoins, une militante de Lutte ouvrière a tout de suite pris la parole pour dénoncer nos appels pour une caisse de grève et des piquets pour stopper la circulation comme « du cinéma » ! La question centrale, a-t-elle insisté, c’est « la conscience des travailleurs ». Autrement dit, si la grève est si faible, c’est la faute aux travailleurs eux-mêmes ! Cela constitue une adaptation à la bureaucratie syndicale et une défense implicite de leur stratégie perdante : si les tactiques combatives utilisées entre Mai 68 et Décembre 95 pour arracher des concessions sont tombées en désuétude, avec pour résultat une accumulation de défaites, c’est précisément parce que les militants d’extrême gauche refusent, pour LO consciemment, de lutter pour préparer les travailleurs à les mettre en œuvre.
Les membres de LO sont des militants dévoués qui se trouvent toujours parmi le noyau dur des grévistes. Mais cette politique de dénoncer carrément toute méthode lutte de classe en faveur de sermons abstraits sur la « conscience de classe » ne peut que les condamner à l’inanité et à faire obstacle à la lutte ouvrière que LO appelle de ses vœux. La réalité est que, en dépit de son implantation modeste mais significative dans la classe ouvrière, LO n’a pas joué le moindre rôle lors des luttes récentes des travailleurs, si ce n’est pour relayer les appels des bureaucrates : « soyons nombreux » à telle ou telle manif, « tous en grève » telle ou telle « journée d’action ». Le rôle des révolutionnaires ne peut pas se limiter à être de bons grévistes, nourrir les manifs et prêcher la révolution depuis le bord de la route ; il faut montrer aux ouvriers une voie concrète pour faire avancer leurs intérêts à chaque étape de la lutte pour le pouvoir des travailleurs.