https://iclfi.org/pubs/lb/241/laposte
Les trois journées de grève du 10 et du 18 septembre puis du 2 octobre ont été très peu suivies à la Poste, comme dans de nombreux secteurs. Les travailleurs n’y voyaient que des journées de salaire inutilement perdues en plus, pendant que les directions syndicales ne font rien pour défendre sur le terrain les conditions de vie et de travail des collègues.
L’extrême gauche doit comprendre les ressorts de cette attitude pour regagner la confiance des travailleurs. Il faut cesser d’agrandir démesurément les journées d’action des bureaucrates en invoquant la perspective de grèves générales pour se consacrer aux actions défensives qu’il est possible de gagner maintenant, en montrant dans l’action qu’il faut une nouvelle direction dans les syndicats.
Sur la « plate-forme industrielle courrier » (PIC) de la Poste à Wissous derrière Orly, la direction vient ainsi de privatiser le restaurant inter-entreprises. La direction a d’abord supprimé il y a plus d’un an, sauf pour les fonctionnaires et contractuels, la ristourne rendant la restauration abordable aux intérimaires ; elle a ensuite justifié la privatisation par les déficits dus en partie à la baisse de fréquentation. La suppression de la ristourne aurait dû être combattue par les syndicats, c’était en fait une occasion de se battre pour les intérêts de tous les travailleurs en montrant concrètement notamment aux fonctionnaires et contractuels que c’est en se battant pour la ristourne pour les intérimaires et sous-traitants qu’ils pouvaient défendre leur propre cantine.
Les directions syndicales n’ont rien fait à l’époque et maintenant, quand la privatisation est mise en œuvre, elles déclarent qu’il est trop tard pour agir. Un de nos lecteurs, révolté par cette inaction, a cherché à contrecarrer ce défaitisme. À son initiative, une cinquantaine de travailleurs ont signé une pétition adressée à l’ensemble des directions syndicales leur demandant d’agir et signalant leur volonté de débrayer pour défendre leur cantine en la réintégrant à la Poste. Ils se sont heurtés à l’unanimité des directions syndicales.
Pas étonnant qu’ensuite les travailleurs ne suivent pas leurs appels aux journées d’action et considèrent que les syndicats ne servent à rien et ne les défendent pas. Il faut repartir sur de nouvelles bases pour reconstruire et unifier les syndicats, afin que les travailleurs y reconnaissent enfin à nouveau leur propre organe de lutte collective contre les patrons.
Face au sabotage des dirigeants syndicaux, notre lecteur a été obligé de reconnaître la défaite. Dans un message adressé aux signataires de la pétition pour faire le bilan de ce fiasco, il a notamment signalé : « Vu que la réaction est aux portes du pouvoir, les attaques contre la classe ouvrière vont s’intensifier à la Poste comme partout. Nous ne manquerons pas d’occasions de nous battre pour nos intérêts. »

