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Nous reproduisons ci-dessous des extraits du discours de la camarade Angie Swanson de la Ligue trotskyste à la manifestation contre la visite du roi Charles à Ottawa le 27 mai. Comme elle l’explique, la visite royale était un affront à toutes les forces progressistes, aux Premières Nations, au Québec et à l’ensemble du mouvement ouvrier au Canada. Il était donc crucial que des voix discordantes se fassent entendre haut et fort sur la route du cortège royal le matin du 27 mai, ce qui était le moins qu’on puisse faire !

La manifestation avait été annoncée par les Jeunes pour le renouveau démocratique et le Parti marxiste-léniniste du Canada. De son côté, la Ligue trotskyste cherchait depuis plusieurs jours à mobiliser une action de front unique contre la visite du roi. Nous avons donc été ravis d’aider à construire l’action des JRD/PML, y compris auprès du reste de la gauche. Au bout du compte, seul le Communist Workers Circle de Toronto s’est aussi joint à nous. Qu’aucun autre groupe ne se soit bâdré de participer démontre qu’il y a encore fort à faire pour dépoussiérer le mouvement socialiste dans ce pays. C’est pourtant ce genre d’action qui aide justement à non seulement briser l’esprit de secte ridicule qui règne encore chez les groupes marxistes, mais surtout à confronter dans l’action nos différences afin de trouver la meilleure voie à suivre pour se débarrasser du capitalisme, de Rideau Hall à Buckingham Palace !

Nous manifestons ici aujourd’hui parce que l’invitation de Carney à Charles III est un scandale. Le gouvernement libéral fait parader la couronne britannique au nom de la défense de la « souveraineté » du Canada contre l’administration Trump aux États-Unis. C’est absurde ! Mais surtout, elle en dit beaucoup sur la stratégie des élites dirigeantes à Ottawa.

Pour consolider l’empire américain en déclin, Trump exigera des concessions de la part de ses partenaires juniors, comme le Canada, et il enfoncera davantage la botte de Washington dans le cou des pays opprimés du Sud global. Malgré toute la rhétorique des libéraux de Carney, ils vont capituler devant Trump. Pourquoi ? Parce que la classe dirigeante canadienne est dépendante de l’impérialisme américain. En fait, les élites dirigeantes canadiennes ont toujours été les larbins d’une puissance impérialiste ou d’une autre, d’abord l’empire britannique et aujourd’hui celui des États-Unis. Elles tentent de couvrir leur dépendance à l’égard des États-Unis en s’accrochant à la Couronne — d’où ce spectacle de réaction monarchiste ici à Ottawa.

Mais il ne s’agit pas seulement de dépoussiérer des reliques féodales dans un but symbolique. Le gouvernement de Carney vise à s’assurer que la classe ouvrière et les opprimés de ce pays soient restreints en les enchaînant à leurs exploiteurs dans le soi-disant « Dominion » canadien. C’est leur façon de rallier la population à l’unité canadienne, ce qui signifie « l’unité » derrière les capitalistes canadiens et leur roi bien-aimé. Les libéraux sont aidés et soutenus dans cette démarche par les dirigeants syndicaux actuels et le NPD.

Les travailleurs et travailleuses de l’automobile sont déjà confrontés à des licenciements, mais plutôt que d’unir leurs forces à celles des travailleurs américains, les dirigeants syndicaux d’Unifor comptent sur le gouvernement canadien. Les postiers sont assiégés, parce que la société d’État de Postes Canada vise à écraser le syndicat et à transformer les bons emplois en « gig jobs ». Et les postiers savent ce qu’un gouvernement libéral signifie pour eux : un briseur de grève ! Ensuite, il y a le fait que pour répondre aux exigences de Trump, Carney renforce l’armée. Quelqu’un doit payer pour cela, et ce ne sont pas les élites dirigeantes qui le feront. Ce sera plutôt au détriment de la classe ouvrière et des services publics.

Ces exemples distincts démontrent ce qui est nécessaire — une réponse unifiée du mouvement syndical. Mais cela nécessite une nouvelle direction, qui s’opposera à l’impérialisme canadien et américain. Seule la classe ouvrière peut s’opposer à Trump et à ses laquais canadiens. La classe ouvrière doit compter sur ses propres forces et non sur les partis des grandes entreprises, qu’ils soient libéraux ou conservateurs. Pour nous de la Ligue trotskyste, protester contre la visite du roi est une façon concrète de s’opposer à la campagne d’unité nationale des libéraux.

S’opposer à la Couronne fait partie de la lutte pour déchaîner le pouvoir de la classe ouvrière contre les classes dirigeantes impérialistes américaines et canadiennes. Il faut se préparer dès maintenant à se défendre contre les attaques. S’opposer à la monarchie est aussi un moyen concret d’unifier la classe ouvrière et tous les opprimés. La visite de Charles III est une provocation contre les droits démocratiques, contre les Premières Nations, contre le Québec, contre toutes les victimes du colonialisme britannique dans le monde, de l’Irlande à l’Inde, de la Palestine au Kenya !

La monarchie et le soi-disant Royaume-Uni sont une prison pour l’Écosse, le Pays de Galles et les catholiques d’Irlande du Nord. Elle opprime également la classe ouvrière anglaise. Le trône britannique est imprégné du sang des autochtones du Canada. C’est l’institution réactionnaire qui a déporté les Acadiens, conquis le Québec par la force des armes, écrasé et pendu les rebelles patriotes de 1837-38 et imposé aux Québécois une constitution jamais acceptée. Aujourd’hui encore, la Couronne reste la pierre angulaire de l’oppression des Premières Nations et du Québec.

Nous disons : À bas la monarchie ! Pour l’indépendance du Québec et pour des républiques ouvrières ! Pour la libération des autochtones ! Pour une alliance de la classe ouvrière contre l’impérialisme canadien et américain !