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55 000 membres du STTP en sont à leur quatrième semaine de grève générale illimitée. Les négociations sont dans l’impasse et Postes Canada est bien décidée à briser les reins du syndicat, tentant même de l’intimider en mettant à pied des travailleurs en grève. Cette grève est un point tournant pour le STTP : il doit lutter contre la volonté de l’employeur de transformer les postes en une autre entreprise basée sur le travail précaire comme Amazon, avec son modèle d’affaires de boulots misérables où les travailleurs n’ont aucun droit. Mais ceci n’est pas simplement une lutte contre une société de la Couronne en déficit financier, mais contre le gouvernement anti-ouvrier de Trudeau !

Les Libéraux sont en position de faiblesse et s’accrochent péniblement au pouvoir : c’est la seule raison pour laquelle Trudeau n’a pas encore donné l’ordre de briser la grève, comme il vient de le faire pour les cheminots et dans les ports—à l’approche des élections, il ne veut pas s’aliéner encore davantage les travailleurs. Mais le STTP confronte aussi en Postes Canada un ennemi déterminé, qui s’attaque sans relâche aux emplois et aux conditions de travail pour devenir un acteur concurrentiel dans le secteur de la livraison. C’est en profitant de la faiblesse du gouvernement Trudeau et en intensifiant la grève que le STTP pourra renforcer sa position à la table de négociation.

Mais cela ne se produira que si le STTP sort de son isolement. Il doit mettre en place des lignes de piquetage solides que personne ne traverse, et en finir avec l’accord pourri qui permet aux techniciens et aux employés de bureau de l’AFPC de briser la grève et de continuer à travailler. Il faut se mobiliser pour étendre la grève dans le reste du secteur public et dans d’autres compagnies de livraison. Pourquoi pas commencer par Purolator, propriété de Postes Canada ? La direction syndicale ne mène pas la lutte sur cette base pour ne pas mettre les Libéraux en difficulté—au contraire, ils la freinent et prétendent que le gouvernement et ses agences (médiateurs, CCRI) peuvent être des arbitres neutres. Le résultat est que le STTP se retrouve seul dans une guerre d’usure qui favorise l’entreprise, comme on le voit avec les mises à pied. Pour sortir de l’impasse et gagner la grève, le STTP doit frapper là où ça fait mal et nous débarrasser du gouvernement libéral !

La meilleure arme dont disposent les travailleurs du STTP est la haine généralisée contre le gouvernement Trudeau. Celui-ci a supervisé une décennie de chute du niveau de vie, de crise du logement et de déclin des services publics (le tout accompagné de nombreuses larmes libérales du Premier ministre). Au diable tout ça ! La lutte du STTP pour défendre les emplois, les avantages sociaux, les conditions de travail et les services publics est dans l’intérêt direct de tous les travailleurs qui font face aux mêmes attaques.

Une objection courante est que si Trudeau tombe, les Conservateurs de Poilievre prendront le pouvoir et les choses seront pires. Mais la question nest pas de savoir si Trudeau tombe, mais quand et comment. Tout le monde sait que Trudeau est en fin de règne et qu’il ne survit que grâce au soutien du NPD dirigé par Singh-le-vendu. Les bureaucrates syndicaux ont trahi les travailleurs et travailleuses en soutenant l’alliance entre les Libéraux et le NPD. C’est précisément la faillite du libéralisme de Trudeau qui a alimenté la montée de la réaction et des conservateurs de Poilievre, et il est de loin préférable que Trudeau tombe en raison d’une offensive ouvrière. C’est ce qui déterminera la position du mouvement syndical lorsque Poilievre prendra le relais : en position de force, ou à genoux.

Depuis des décennies, sous les gouvernements libéraux et conservateurs, Postes Canada s’efforce de rivaliser avec la montée en puissance des entreprises de livraison privées en grande partie non syndiquées. Pour ce faire, ils divisent la main-d’œuvre en plusieurs niveaux, avec des différentiels de salaires, d’avantages et de conditions de travail. Bien que le STTP ait été à l’avant-garde de la défense des pensions, une bonne retraite est hors de portée pour les travailleurs et travailleuses qui n’ont pas assez d’heures pour se qualifier pour des emplois à temps plein et qui sont obligés de cumuler plusieurs emplois pour joindre les deux bouts. La clé pour faire aboutir les revendications du STTP en matière de salaires, d’avantages sociaux, de pensions et de conditions de travail est de lutter pour mettre fin à ces divisions par paliers. Cela doit se faire dans le cadre d’une lutte visant à rétablir le monopole de l’État sur l’ensemble du système postal et de livraison de colis. Contrairement aux patrons qui cherchent à multiplier les entreprises à travail précaire, c’est ce qui serait le plus rationnel et le plus efficace.

Pour gagner cette bataille, le mouvement syndical doit devenir une force avec laquelle il faut compter. Et à l’heure actuelle, il n’y a qu’une seule façon d’y parvenir : donner au gouvernement le dernier coup de pied qu’il mérite ! C’est ainsi que le STTP ralliera à lui des forces plus larges dans l’action, et pas juste des belles phrases de solidarité. C’est aussi la seule façon de mener une lutte sérieuse pour syndiquer les travailleurs non syndiqués dans tous les services de livraisons, afin de créer un syndicat uni avec des salaires, des avantages sociaux et des conditions de travail au plus haut niveau.

Pour gagner la grève :

  • Ne comptez pas sur la médiation gouvernementale, le CCRI et le code du travail !
  • Mettez fin aux ententes de main-­d’œuvre à plusieurs niveaux ! Pas de retour au travail sans réintégration de tous les travailleuses et travailleurs mis à pied pendant la grève !
  • Luttez pour un monopole d’État sur le système postal et de livraison de colis !
  • Faites de cette grève une bataille totale pour faire tomber les Libéraux ! Envoyez des délégations aux autres syndicats, en commençant par les autres ­entreprises de livraison et à tout le secteur public, en les appelant à faire la grève aux côtés du STTP.