QR Code
https://iclfi.org/spartacist/fr/46/reforgee

«Les communistes ne se différencient des autres partis prolétariens que sur deux points : d’une part, dans les diverses luttes nationales des prolétaires, ils mettent en avant et font valoir les intérêts communs à l’ensemble du prolétariat et indépendants de la nationalité ; d’autre part, aux divers stades de développement que traverse la lutte entre prolétariat et bourgeoisie, ils représentent constamment l’intérêt du mouvement général. »

—  Manifeste du Parti communiste

Nous publions ci-dessous un rapport présenté à la Huitième Conférence internationale par le camarade Perrault, secrétaire du Secrétariat international (SI).

Je voudrais commencer par une citation de Cannon qui résume la tâche centrale de cette conférence :

« La tâche des révolutionnaires non corrompus, obligés par les circonstances de commencer le travail de reconstruction organisationnelle, n’a jamais été de proclamer une nouvelle révélation – les messies de ce genre n’ont jamais manqué et ils sont tous tombés dans l’oubli. Elle est de rétablir l’ancien programme et de le mettre à jour. »

–James P. Cannon, « La dégénérescence du Parti communiste et le nouveau départ », Fourth International, automne 1954

Dans certains cas nous devons revenir 30 ans en arrière pour retrouver l’ancien programme ; dans d’autres, nous devons remonter jusqu’à Trotsky. Mais c’est bien ce que nous faisons, nous n’inventons rien de nouveau, nous revenons aux fondamentaux et nous les appliquons à la réalité actuelle.

Le thème central que l’on retrouvera tout au long des travaux de cette conférence est la question de la direction révolutionnaire. C’est sur cette question que nous nous sommes fracassés, et c’est en nous battant sur cette question que nous nous sommes réarmés au cours des deux dernières années. Mais qu’est-ce qu’une direction révolutionnaire ? La réponse est simple, au point de paraître simpliste. Donner une direction révolutionnaire, c’est guider la lutte de la classe ouvrière de manière à mettre en avant les intérêts communs à tout le prolétariat (Manifeste du Parti communiste). Le mode de production capitaliste étant fondé sur l’exploitation de la classe ouvrière, faire progresser les intérêts du prolétariat rapprochera forcément celui-ci de la prise du pouvoir. La difficulté, cependant, n’est pas d’affirmer abstraitement ces vérités, mais d’aborder chaque problème en partant du point de vue que le prolétariat a besoin de trouver sa propre voie d’action indépendante et que seul le marxisme peut la lui fournir.

Un autre thème important de cette conférence sera la question de la méthode marxiste, c’est-à-dire la nécessité d’enraciner notre programme dans une étude matérialiste dialectique des rapports entre les classes de la société. Les prochains rapporteurs développeront cette question en relation avec la situation mondiale et la question de la révolution permanente. Pour l’instant, je voudrais simplement lier une fois de plus cette question à la direction révolutionnaire et insister sur le fait que la méthode marxiste est avant tout partisane. Nous n’abordons pas le monde comme des observateurs neutres, mais comme les combattants les plus conséquents pour les intérêts de la classe ouvrière. On ne peut donner un sens à la réalité si on ne l’aborde pas en étant un facteur actif cherchant à l’influencer et à la changer. La méthode et les objectifs sont indissociables.

L’objet principal de mon rapport sera d’évaluer le travail de la LCI depuis notre intervention en RDA (Allemagne de l’Est) et en Union soviétique jusqu’à aujourd’hui. Le but n’est pas de ruminer notre passé mais de façonner notre avenir. Je n’aborderai pas la question comme un observateur impartial mais avec l’intention déclarée de changer la trajectoire de la LCI – de mettre le parti sur les rails pour fournir une direction révolutionnaire à la classe ouvrière à travers le monde. Sans ce point de départ toute évaluation de notre passé est condamnée à se perdre dans le gouffre sans fond de confusion et de stérilité qui a caractérisé notre parti ces 30 dernières années. Une telle évaluation oscillerait nécessairement entre, d’un côté, insister sur la rectitude formelle de certains aspects de notre programme et, de l’autre, nous représenter sans aucune contradiction et simplement morts en tant que parti révolutionnaire. Ce n’est ni l’un ni l’autre. La seule façon d’évaluer correctement la LCI et ses contradictions est d’examiner comment son travail a contribué à faire avancer les intérêts de la classe ouvrière à un moment et à un endroit donnés.

S’il y a un élément de mon rapport que je veux que les camarades comprennent, c’est que la question décisive pour les révolutionnaires est de faire avancer les intérêts indépendants de la classe ouvrière. Dès qu’on lâche ce fil conducteur, on est perdu. Comme je l’ai déjà dit, toute la conférence insistera sur ce point.

La lutte de la LCI contre la contre-révolution

Depuis la Seconde Guerre mondiale, aucun événement n’a eu une importance historique comparable à l’effondrement de l’Union soviétique et du bloc de l’Est. Toute évaluation du travail récent de la LCI doit partir de là. L’action de notre parti lors de ces événements a mis à l’épreuve notre fibre révolutionnaire. À l’aube de 1989 nous étions une tendance minuscule avec des problèmes importants. Mais les partis révolutionnaires ne naissent pas d’une immaculée conception. En dépit de tous nos problèmes, nous avons lutté de toutes nos forces pour offrir une alternative à la classe ouvrière en RDA et en URSS.

Malgré nos forces minuscules, nous ne nous sommes mis à la remorque de personne. Nous avons au contraire lutté pour tracer une voie indépendante correspondant aux intérêts objectifs de la classe ouvrière. Durant les événements de 1989 et de 1990-1992 il y avait un besoin criant d’une opposition à la contre-révolution ; il fallait lutter contre la bureaucratie stalinienne, elle-même occupée à se liquider et à liquider les États ouvriers. C’est pour une telle perspective que nous nous sommes battus, et nous avons été la seule tendance au monde à le faire à ce tournant crucial du XXe siècle. Voilà qui certifie sans l’ombre d’un doute notre passeport révolutionnaire.

Il est important de comprendre ce qui a donné le caractère révolutionnaire à notre intervention. Ce n’est pas seulement que nous avons mobilisé toutes nos forces pour combattre la contre-révolution. Ce n’est pas non plus que nous avons eu un impact considérable, bien supérieur à nos forces. C’est que, contre toutes les alternatives réactionnaires qui se présentaient, nous nous sommes battus pour la seule voie qui pouvait faire avancer les intérêts historiques de la classe ouvrière.

La LCI après 1991 : Abandon de la direction révolutionnaire

Alors comment comparer cela avec le rôle que nous nous sommes donné après la contre-révolution ? Le contraste ne pourrait être plus grand. Il suffit de survoler quelques échantillons parmi les centaines de pages qui ont été écrites dans le but de définir nos tâches dans la période postsoviétique pour voir que nous ne prétendions même pas que notre programme pourrait jouer un rôle décisif dans les événements du jour. Je ne répéterai pas les points du document présenté à ce sujet [voir page 7]. Les camarades ont lu le document et je suis intéressé d’avoir votre opinion sur les trois points principaux qui y sont esquissés. Je me contenterai de répéter la citation suivante du document de la Conférence internationale de 1992, qui résume très bien la manière dont nous définissions alors nos tâches :

« Pour régénérer un mouvement communiste international, il ne suffit pas de dénoncer les crimes et les trahisons historiques du stalinisme, la paupérisation mondiale qu’amène le capitalisme-impérialisme et le danger d’une guerre mondiale nucléaire. Il est aussi nécessaire d’insister à nouveau sur les objectifs libérateurs du communisme, comme constituant l’aboutissement de l’humanisme rationnel des Lumières. »

– Spartacist édition en français no 27, été 1993

Voyons un peu. Tout d’abord, la tâche que nous nous fixions n’était pas de faire progresser les intérêts de la classe ouvrière mais de « régénérer un mouvement communiste ». Les communistes, en tant qu’avant-garde de la classe ouvrière, ne peuvent gagner de l’influence que dans la mesure où se renforce la position de la classe ouvrière, et non pas indépendamment de ses luttes.

Mais comment proposions-nous de « régénérer un mouvement communiste » ? Nous soulignions quatre points : dénoncer les crimes du stalinisme, dénoncer la paupérisation qu’amène le capitalisme, dénoncer le danger de guerre nucléaire, insister à nouveau sur les objectifs libérateurs du communisme. Aucun de ces points n’a quoi que ce soit à voir avec les combats de la classe ouvrière. C’est tout le contraire de notre intervention en RDA où l’énergie de toute notre Internationale s’était concentrée sur diriger les travailleurs, non pas dans l’abstrait mais dans le feu de l’action révolutionnaire et contre-révolutionnaire.

La scission avec le GI

Une partie importante du document soumis sur « Le révisionnisme postsoviétique de la LCI » traite de la scission entre la LCI et le Groupe internationaliste (GI). Il s’agit bien entendu d’une question sensible. Nous avons passé des décennies à nous jeter mutuellement à la figure des polémiques hostiles et confuses dont probablement la moitié consistait à accuser l’autre de mentir. La plupart des observateurs extérieurs ne voient pas la différence entre les deux organisations, et cela reste vrai malgré le fossé politique qui se creuse. La seule façon de comprendre tout cela c’est en partant de la question décisive, celle de la direction révolutionnaire. Autrement dit, il faut évaluer les deux organisations en fonction de ce qu’elles contribuent pour faire avancer les luttes de la classe ouvrière. Si l’on considère les choses de cette manière, tout devient soudain beaucoup plus clair. Il devient évident qu’aucun d’entre nous ne pouvait expliquer sérieusement pourquoi c’est le marxisme et non le libéralisme – l’idéologie dominante de l’époque – qui est l’outil permettant de faire progresser les intérêts de la classe ouvrière et des opprimés. C’est cela le nœud de la question. Une fois que c’est clair, il est beaucoup plus facile d’examiner avec lucidité les aspects secondaires de ces querelles. Dans nos confrontations avec le GI à l’avenir – et en fait avec toute autre organisation de gauche – il est crucial de toujours partir non pas de leur doctrine abstraite, mais de la manière dont leur intervention cherche à avoir un impact sur la lutte des classes à la fois au niveau international et au niveau national.

De 1992 à 2017

Je pourrais passer des heures à évaluer les différentes batailles et les différents régimes dans le parti entre 1992 et 2017. Mais non seulement cela prendrait une éternité, ce ne serait ni intéressant ni utile. Si vous regardez cette période à travers le prisme de la direction révolutionnaire, il est facile de voir que, quelle que soit la phase opportuniste ou sectaire par laquelle nous passions, notre point de départ n’était jamais de démontrer pourquoi les luttes du moment avaient besoin d’une direction marxiste en opposition à celle des libéraux. Nous jetions des pierres aux dirigeants, que ce soit ceux des mouvements antiguerre, ceux du mouvement altermondialiste ou ceux des divers mouvements de politique identitaire. Mais nous ne pouvions pas expliquer pourquoi il fallait être marxiste aujourd’hui.

Je pourrais fournir des centaines de citations qui le démontrent. Mais ce n’est pas nécessaire. Tous les camarades qui étaient dans le parti à l’époque savent que c’était notre point de vue et qu’ils ont eux-mêmes expliqué à un contact ou à une nouvelle recrue que notre but était de garder notre programme bien au chaud pour l’avenir, et non pour aujourd’hui. Pour ceux qui n’étaient pas dans le parti, je pense que la différence d’approche entre ce que nous écrivons aujourd’hui et n’importe quel article écrit ces 30 dernières années saute aux yeux. Voici un extrait d’un message que nous avons reçu récemment d’un sympathisant britannique et qui en témoigne :

« Il y a des choses sensationnelles dans les derniers journaux (WH & WV) ; ça exige un état d’esprit nouveau sur absolument toutes les questions. Autrement dit, réforme contre révolution. C’est un tel changement par rapport à ce qu’il y avait avant la bataille dans la LCI que l’on est surpris de voir à quel point on (moi) répondait de façon minable, non révolutionnaire aux questions du jour. C’est comme si c’était un nouveau parti. C’est un nouveau parti. Pas centriste mais révolutionnaire. Et on a l’impression, en lisant les nouveaux journaux, que les articles passent à l’offensive, qu’ils débordent de confiance en soi, une confiance imprégnée de la justesse même du programme qu’ils expliquent. C’est fantastique. »

Je pense que ce point de vue extérieur vaut cent citations.

La Conférence internationale de 2017

Mais il faut bien comprendre que tout le monde n’est pas satisfait de la nouvelle orientation de la LCI. Voici une évaluation beaucoup moins favorable de notre nouvelle perspective de la part de Brunoy, ancien membre et cadre historique de la Ligue trotskyste de France :

« Les nationalistes québécois vont ensuite prendre le temps pour assurer, patiemment, leur prise en main “programmatique” et organisationnelle de la LCI en agglomérant petit à petit autour d’eux les quelques forces encore vives. »

Les « jeunes nationalistes québécois révisionnistes », c’est ainsi que Brunoy nous désigne, moi et le reste du collectif montréalais, tout au long de son document [rires]. Il poursuit :

« Maintenant, le gouvernail fermement en main, ils peuvent officialiser quasi ouvertement le développement du reste de leur programme révisionniste et la rupture de la LCI avec le programme trotskyste, pour “adapter” le programme de transition à “une nouvelle réalité”, un grand classique chez tous les ex-trotskystes. »

Il est intéressant de noter que pour Brunoy le tournant est la Conférence internationale de 2017, lorsque la camarade Coelho a « libéré les loups dans la bergerie » :

« Il est clair que la rupture programmatique sur la question nationale de la conférence de 2017 a été un tournant qualitatif et que la crise de 2020 n’en est qu’une suite logique et naturelle. »

Brunoy a raison de mettre particulièrement l’accent sur la conférence de 2017, mais il a tort de dire qu’elle a marqué un tournant qualitatif dans la LCI.

Brunoy et nos autres opposants détestent 2017, et c’est surtout pour de mauvaises raisons. Ce qu’ils détestent dans la conférence de 2017, c’est précisément la seule chose qui était correcte : notre affirmation que la lutte pour la libération nationale n’est pas un obstacle qu’il faut mettre de côté mais une force motrice pour la révolution. La conférence de 2017 était différente des autres conférences de la période postsoviétique parce qu’elle a corrigé (bien que très partiellement) une révision du léninisme qui remontait aux premières années de notre tendance. Cela dit, si nous revenons à nos critères fondamentaux de direction révolutionnaire, il est facile de voir que la conférence de 2017, comme tout ce que nous avons fait dans la période postsoviétique, n’avait pas pour but de guider la classe ouvrière dans les événements mondiaux et qu’elle était donc fondamentalement défectueuse. Nous disions explicitement :

« Ce document [de conférence] est donc centré sur les conclusions essentielles des derniers mois [de discussion interne] plutôt que sur les importants changements dans la situation politique mondiale […]. La question primordiale pour notre organisation est de nous réarmer au niveau programmatique et de forger une nouvelle direction qui sera en mesure de faire face à ces nouveaux développements. »

–Spartacist édition en français no 43, été 2017

C’est tout à fait absurde mais nous avons prétendu qu’en nous absorbant dans des polémiques internes nous serions armés pour le monde. Eh bien cela n’a évidemment pas été le cas. La direction a été élue sur la base de combats moralistes et libéraux, avec un grain de vérité programmatique essentielle. Alors bien sûr, lorsque nous avons été frappés par la pandémie, toute l’organisation s’est effondrée. En ce sens, il est vrai que 2017 a ouvert la voie à l’effondrement de 2020, mais pas de la manière dont Brunoy l’affirme. C’est l’incapacité à lutter pour une direction révolutionnaire en 2017 qui a conduit à notre effondrement et non la réaffirmation de conceptions léninistes fondamentales sur la question nationale.

L’effondrement de 2020

La pandémie de Covid-19 a confirmé de manière frappante que les événements mondiaux sont le véritable test pour les partis qui se prétendent révolutionnaires. Au lieu de réagir à la plus grande crise mondiale depuis l’effondrement de l’Union soviétique en offrant une voie de lutte à la classe ouvrière, nous avons appuyé les mesures prônées par la bourgeoisie libérale et nous nous sommes liquidés au sens propre et figuré. C’est là que l’évolution de la LCI devient à la fois plus contradictoire et plus intéressante. Comment se fait-il que nous ayons réussi à passer d’un effondrement total à la situation où nous nous trouvons aujourd’hui à cette conférence, où nous jetons les bases d’une trajectoire fondamentalement différente et révolutionnaire ?

Il y a une tendance dans le parti à présenter notre réorientation comme un progrès graduel et constant, comme si le noyau de la direction internationale actuelle menait le même combat depuis 2020 et peut-être même depuis 2017. Il y a là une parcelle de vérité, mais fondamentalement c’est faux. Ce qui est vrai, c’est qu’en 2020, il y a eu une résistance à la liquidation du parti dans le libéralisme. Mais sans plus. Soyons clairs : sans cette tendance le parti serait mort à l’heure actuelle ; en ce sens elle était cruciale. Mais refuser de devenir des libéraux était loin de faire de nous des communistes. Nous avons limité notre rôle à être des critiques de gauche de la Spartacist League/U.S. Nous ne tracions pas une voie indépendante, nous voulions simplement moins de libéralisme. Le résultat a été un désordre confus et des luttes politiques pour la plupart superficielles et inintelligibles.

Cela a conduit à la désastreuse délégation du Comité exécutif international (CEI) auprès de la SL/U.S. à l’été 2020. Au cours de ce voyage la délégation a créé un clivage sur la base du moralisme libéral en accusant certains camarades d’être insensibles sur la question noire et en prétendant avoir un accord programmatique avec d’autres jugés plus sensibles. Cela représentait au fond une tentative de tirer un trait sur la lutte qui secouait le parti en nous limitant encore une fois à quelques ajustements cosmétiques à la trajectoire libérale de la LCI. Cela aurait signifié continuer le rituel classique où une grosse bataille condamne un groupe de camarades, proclame quelques vérités abstraites sur la révolution et continue de suivre la même trajectoire.

La lutte menée contre la délégation a mis du temps à démarrer et, si l’on regarde le principal document critiquant ce qu’elle a fait, on voit qu’il est assez rigide et abstrait. Mais il y a un point essentiel : le refus de faire comme si de rien n’était. Nous avions compris que le libéralisme avait provoqué l’effondrement du parti et que nous ne pouvions pas nous en accommoder, à aucun prix. Voici ce que j’ai dit lors du plénum du CEI de décembre 2020 :

« Lorsque l’avant-garde prolétarienne subordonne son programme aux forces bourgeoises et n’agit pas comme un facteur indépendant, les conséquences sont désastreuses. Ces leçons s’appliquent à l’échelle beaucoup plus réduite de nos luttes actuelles au sein du parti. Si la LCI tolère et concilie le fait que la SL/U.S. ait abandonné le trotskysme, elle est finie en tant que facteur révolutionnaire subjectif. »

C’est sur cette base que le SI a été élu en 2020. À certains égards, cela ressemble à ce que j’affirme aujourd’hui. Mais c’est fondamentalement différent.

Tout d’abord, il était faux de prétendre que les problèmes de la LCI étaient tous dus à la SL/U.S. Mais surtout, l’affirmation sur l’indépendance politique de la classe ouvrière et la nécessité de rompre avec le réformisme était présentée de manière totalement abstraite, totalement dissociée de la crise gigantesque qui secouait le monde à l’époque. Ainsi, d’une part, le refus de concilier a été d’une importance décisive pour nous amener là où nous sommes aujourd’hui. Mais d’autre part il ne représentait pas une rupture fondamentale parce qu’il était déconnecté de notre intervention réelle dans le monde.

Je crois que la plupart des camarades du SI peuvent indiquer de façon précise le moment et le lieu où notre bulle a éclaté à propos des batailles que nous menions « contre le révisionnisme de la SL/U.S. » En mars 2021, nous avons enfin organisé une discussion sérieuse sur la pandémie de Covid-19. Alors que nous travaillions sur la résolution énonçant notre opposition aux confinements, nous nous sommes référés aux écrits de Lénine pendant la Première Guerre mondiale, en particulier à son article de juillet 1915 « De la défaite de son propre gouvernement dans la guerre impérialiste », où il affirme :

« La seule politique de rupture réelle, et pas seulement verbale, de l’“union sacrée” et de reconnaissance de la lutte de classe, c’est celle où le prolétariat met à profit les difficultés de son gouvernement et de sa bourgeoisie pour les renverser. »

C’est en travaillant sur cette résolution et en réfléchissant à cette remarque de Lénine que nous avons eu le déclic. La pandémie faisait rage depuis une année entière, causant à la classe ouvrière des souffrances incalculables, mais nous – la soi-disant avant-garde du prolétariat – avions passé l’année englués dans des discussions internes n’offrant aucune voie à la classe ouvrière. Il était certain que nous ne mettions pas à profit les difficultés des capitalistes afin de faire avancer la lutte pour la révolution. C’est à ce moment-là que la faillite de notre ligne de conduite est devenue évidente. Jusqu’à ce moment-là, la direction que prenait notre combat était cruciale, mais le contenu de notre lutte avait été fondamentalement erroné.

La déclaration du CEI contre les confinements [voir Spartacist édition en français no 45, novembre 2022] représente le tournant qualitatif pour notre Internationale parce qu’elle propose un programme correspondant aux intérêts de la classe ouvrière dans cette crise mondiale. Même si elle a tardé à le faire, la LCI reste la seule à avoir mis en avant une telle perspective.

Les « confinements ouvriers »

À ce que je comprends les camarades du groupe Bolchévique-léniniste (BL) ont renoncé à leur position appelant à des « confinements ouvriers ». Permettez-moi néanmoins de faire quelques remarques sur cette question. On peut discuter en termes de tactique de la meilleure façon de mettre en avant une perspective prolétarienne indépendante dans la pandémie, mais il faut être clair sur le fait que, pour être correcte, cette perspective doit être explicitement opposée à celle de la bourgeoisie.

Qui sait ce qu’un État ouvrier révolutionnaire ferait face à une pandémie ? Cela dépendrait de faits concrets. La fermeture de certains secteurs de l’économie n’est pas à exclure par principe, mais là n’est pas la question. L’essentiel dans la pandémie telle qu’elle s’est produite dans la réalité est que, pour défendre ses propres intérêts, la classe ouvrière devait se battre, et non accepter de simplement rester enfermée et suivre les diktats de ses gouvernements. Dans la conscience des gens, les confinements administrés par la classe ouvrière seraient au mieux compris comme des confinements assortis de mesures sociales supplémentaires ; au pire, ils seraient perçus comme un appel aux travailleurs à assurer eux-mêmes le respect des mesures draconiennes du gouvernement. Dans aucun de ces cas cela n’aurait permis d’enfoncer un coin entre la politique menée par les gouvernements et les intérêts de la classe ouvrière. Au contraire, cette approche crée un pont entre les deux.

Je pense que des appels comme des « confinements ouvriers » proviennent d’une incapacité à réfuter la propagande morale pendant la pandémie faite au nom de « sauver des vies ». La clé pour que la classe ouvrière avance ses propres intérêts dans la pandémie était de montrer qu’elle devait s’opposer à la réponse du gouvernement même si celui-ci combattait le virus. Si on ne peut pas expliquer comment malgré ce fait les mesures du gouvernement étaient au détriment de la classe ouvrière, on est obligé soit d’adopter la position imbécile que les communistes se fichent des vies humaines, soit de présenter les intérêts de la classe ouvrière comme s’ils étaient compatibles avec la politique de confinement des gouvernements. La clé pour trancher ce dilemme était de montrer comment les intérêts de la classe ouvrière pendant la pandémie – à la fois dans l’immédiat et à long terme – entraient en conflit avec les structures sociales et politiques actuelles. Il devient alors évident que la classe ouvrière n’aurait pas dû soutenir la politique gouvernementale mais lui opposer sa propre stratégie indépendante pour défendre sa sécurité et ses conditions de vie.

Reforger la LCI

La publication de la déclaration sur les confinements a marqué un tournant qualitatif, mais la lutte était loin d’être terminée. Une fois que nous étions engagés à fournir une direction révolutionnaire à la classe ouvrière, nous nous sommes heurtés à chaque tournant au mur de révisionnisme méthodologique et politique accumulé pendant des années. C’était une chose de sortir notre épée du fourreau, c’en était une autre d’apprendre à l’aiguiser et à la manier. Quand on regarde le bilan de la LCI depuis 2021, on peut voir que notre cap est révolutionnaire : nous avons cherché à donner une direction à la classe ouvrière dans les principaux événements qui secouent le monde et les pays où nous avons des sections. Nos interventions sont modestes et inégales mais essentielles. Je voudrais maintenant détailler le chemin tortueux et les différentes étapes par lesquels nous sommes passés pour réaliser ces interventions.

1) Réaffirmer la scission entre réforme et révolution

Presque immédiatement après la publication de la déclaration sur les confinements, diverses sections et même une partie du SI ont tenté de présenter le fait d’être pour ou contre les confinements comme la ligne de démarcation décisive dans le mouvement ouvrier. Contre cela, il a fallu réaffirmer la leçon fondamentale du léninisme, à savoir que le conflit fondamental dans le mouvement ouvrier se situe entre la réforme et la révolution. Alors que cela avait été fait de manière abstraite en décembre 2020, cette même question est devenue concrète et directement liée à notre intervention dans la pandémie. Bon, comprenez-moi bien. Rétrospectivement, vous trouverez dans les batailles que nous avons eues sur cette question en 2021 de nombreux points très théoriques et un peu abstraits. Mais contrairement à 2020, la question de la scission du mouvement ouvrier entre réforme et révolution a été utilisée pour défendre une intervention fondamentalement révolutionnaire dans les événements mondiaux.

Ce même point politique a été crucial dans la Spartacist League/Britain où, pour remettre la section sur les rails, nous devions corriger sa capitulation devant le travaillisme durant les années Corbyn. Dans le document de la conférence de 2021 de la SL/B, nous avons réaffirmé le point fondamental suivant :

« La raison pour laquelle les léninistes sont contre le “parti de toute la classe”, c’est que l’aile révolutionnaire est subordonnée à l’aile réformiste, et non pas que la gauche sociale-démocrate est gênée par la droite sociale-démocrate. Par conséquent, pour les léninistes, lutter contre le “parti de toute la classe” travailliste ne veut pas dire se battre contre le fait que Corbyn fasse la paix avec les blairistes. Cela veut dire lutter contre ceux qui se disent révolutionnaires (comme la SL/B) et qui prêchent l’unité avec Corbyn. »

–« En défense du programme révolutionnaire (II) », Spartacist édition en français no 45, novembre 2022

Pour faire simple, nous luttons pour un parti révolutionnaire, pas pour une social-démocratie plus à gauche. La conférence de la SL/B a également étendu cette conception à la question syndicale. Contre des décennies de pratiques passées, nous avons argumenté :

« Seules des directions syndicales basées sur un programme révolutionnaire sont capables de transcender les intérêts sectoriels étroits d’une industrie, d’un syndicat ou d’un pays particulier et de mener des combats qui feront avancer les intérêts de la classe ouvrière dans son ensemble. Pour cela, il faut démasquer le programme de collaboration de classes de la direction actuelle des syndicats et la version plus combative de ce même programme mise en avant par la gauche réformiste. »

Eh bien les deux arguments cités ci-dessus étaient absolument essentiels. Mais très vite on a eu tendance au sein du parti à les répéter simplement comme des formules apprises par cœur. Nous avons dû insister à maintes reprises qu’affirmer ces vérités n’a aucune signification si on ne les lie pas aux luttes concrètes.

2) La tactique

Cela m’amène au point suivant : la tactique. En Allemagne, nous nous sommes réarmés d’une autre façon qu’en Grande-Bretagne. Nous avons commencé par faire une intervention clé, puis nous avons approfondi nos fondements théoriques. Une fois qu’on a compris que la direction révolutionnaire consiste à guider la lutte de la classe ouvrière, la nécessité d’exploiter les contradictions et les clivages de la société devient évidente. Pour cela il faut utiliser des tactiques à bon escient. La campagne du SpartakistArbeiterpartei Deutschlands pour chasser les partisans de l’OTAN/UE de Die Linke (Parti de gauche) dans le contexte de la guerre en Ukraine était une application concrète de la lutte pour une direction révolutionnaire et de la nécessité de scissionner le mouvement ouvrier entre réforme et révolution [voir « Chassez de la gauche les partisans de l’UE/OTAN ! », Spartacist édition en français no 45, novembre 2022]. En faisant pression sur la social-démocratie de gauche pour qu’elle lutte contre la vague social-chauvine qui s’est propagée en Allemagne, nous avons pu montrer très clairement pourquoi seul un programme révolutionnaire pouvait fournir une base réelle pour s’opposer à la guerre.

Bien sûr, nous aurions pu rester en retrait et appeler abstraitement à la révolution contre l’impérialisme allemand. Mais cela n’aurait en rien servi les intérêts du mouvement ouvrier. La voie pour laquelle nous nous sommes battus permettait de lutter contre l’impérialisme allemand tout en renforçant l’autorité de l’avant-garde révolutionnaire. Nos interventions ont montré comment l’aile gauche de Die Linke préférait abandonner son programme pacifiste contre l’OTAN plutôt que de rompre l’unité avec les militaristes fanatiques.

Tout militant de gauche un tant soit peu honnête qui observe le contexte politique allemand d’aujourd’hui – où l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), parti de droite, est devenue la force politique la plus importante – doit admettre que les spartakistes avaient raison de vouloir jeter les partisans de l’OTAN et de l’UE hors du mouvement ouvrier. L’incapacité à le faire a totalement paralysé et démoralisé la gauche. Pendant ce temps, le vent est favorable à la réaction et celle-ci profite de l’opposition croissante à la guerre en Ukraine.

3) S’attaquer aux racines du révisionnisme postsoviétique

Pour revenir davantage au niveau interne, nous nous sommes retrouvés début 2022 dans une situation exaspérante où, près d’un an après la publication de la déclaration contre les confinements, pratiquement aucune section n’avait avancé d’un pas. Cela nous a poussés à creuser davantage, jusqu’à la source de cette paralysie. Si notre problème n’avait été que la pandémie, nous aurions dû rebondir une fois cette question politique réglée. Mais cela ne s’est pas produit et il est devenu de plus en plus clair que ce que nous avancions sur la pandémie était totalement différent de la perspective de l’Internationale depuis 30 ans.

C’est en luttant pour procurer une direction révolutionnaire dans le monde d’aujourd’hui que nous avons pu comprendre nos problèmes de la période précédente. On ne pourra jamais comprendre les problèmes de la LCI en étudiant simplement nos discussions internes. Encore une fois, ce n’est qu’en luttant pour une perspective révolutionnaire aujourd’hui que l’on peut comprendre notre désorientation antérieure.

4) La révolution permanente

Dans le cas de nos sections dans les pays opprimés, même un retour en arrière de 30 ans ne nous a pas aidés. C’est au Québec que nous avons été confrontés pour la première fois à ce problème. Pour avancer un programme révolutionnaire dans la pandémie, il fallait briser l’illusion que l’État est l’instrument clé de l’avancement de la nation québécoise. Mais pour briser cette illusion, il fallait reconnaître qu’elle avait un fondement légitime. Le développement d’un proto-État a permis à la nation québécoise de se défendre contre la domination anglophone et a apporté des progrès sociaux importants. C’est en nous tournant vers les écrits de Trotsky sur la révolution permanente que nous avons pu résoudre ce problème et comprendre le rôle de la bourgeoisie québécoise : c’est une classe semi-opprimée et semi-dirigeante qui, tout en prenant la tête de la lutte nationale, sape et trahit celle-ci à chaque tournant.

Lorsque nous avons étendu cette compréhension à la Grèce, puis au Mexique, il est devenu clair que toute l’histoire de notre parti sur la révolution permanente était révisionniste. Cette prise de conscience ne s’est pas faite en épluchant des tomes de Trotsky – même si c’était quelque chose de nécessaire – mais en luttant pour apporter des réponses à la classe ouvrière aujourd’hui. On ne peut pas faire un seul pas dans cette direction si on pense que la défense des frontières grecques est entièrement réactionnaire ou si on dénonce les mesures prises pour éduquer la paysannerie au Mexique comme étant un stratagème réactionnaire pour la transformer en… prolétariat instruit.

5) La bureaucratie stalinienne

Le même processus s’est produit vis-à-vis de la Chine. Pour faire avancer les intérêts de la classe ouvrière dans ce pays, il faut affronter la bureaucratie stalinienne. C’est vrai en général, comme c’est vrai pour la défense de la Chine contre l’impérialisme et la contre-révolution. Défendre la Chine exige de lutter contre les staliniens. Pour ceux qui penseraient encore que nos récents articles sont trop durs à l’égard des staliniens, je laisserai Trotsky répondre :

« La lutte contre la guerre, l’impérialisme et le fascisme, impose une lutte impitoyable contre le stalinisme couvert de crimes. Quiconque le défend, directement ou indirectement, quiconque se tait sur ses trahisons ou exagère sa puissance militaire, est le pire ennemi de la révolution, du socialisme et des peuples opprimés. Plus tôt la clique du Kremlin sera renversée par l’offensive armée des ouvriers, plus grandes seront les chances d’une régénération socialiste de l’U.R.S.S., plus proche et plus large sera la perspective de la révolution internationale. »

– « Une leçon toute fraîche », octobre 1938

Cela montre bien qu’il est impossible d’être « trop dur avec le stalinisme ».

6) La lutte contre le centrisme

L’une des principales leçons tirées de la conférence de la SL/U.S. de décembre dernier, c’est combien il est important de rompre avec le centrisme. La question est de savoir si le pôle marxiste va se battre pour être hégémonique ou s’il va faire des concessions qui compromettent et limitent ses propres activités et principes. C’est une chose de prendre des positions de principe correctes, c’en est une autre de tirer les conclusions pratiques de ces positions et de lutter en accord avec elles. L’action indépendante de la classe ouvrière se pose de la manière la plus aiguë face au centrisme. Unité ou scission avec l’opportunisme, telle est la question. Il était crucial d’élire la direction de la SL/U.S. sur la base d’une lutte acharnée contre le centrisme. Cela dit, les luttes menées au sein de la SL/U.S. depuis la conférence montrent que la bataille contre le centrisme n’est pas une affaire ponctuelle, elle se pose en permanence dans tous les aspects de notre travail.

7) Guider la lutte de la classe ouvrière à travers les hauts et les bas

Au stade actuel, la plupart des sections ont réussi à prendre des mesures importantes pour réaffirmer nos tâches fondamentales et/ou ont fait des interventions significatives dans les événements de leur pays. Mais la direction révolutionnaire, ce n’est pas seulement planter le drapeau programmatique ou faire quelques bonnes interventions. Il s’agit d’un processus constant qui n’est jamais achevé mais qui est mis à l’épreuve encore et encore. Pour gagner l’allégeance de la classe ouvrière, nous devons construire un parti capable de guider ses luttes à chaque étape, qu’elles soient offensives ou défensives.

C’est dans la SL/B que nous avons gagné le plus d’expérience en la matière. Au cours de l’année écoulée, nous avons pu intervenir à plusieurs reprises à des moments décisifs de la vague de grèves qui secouait le pays. À chaque étape du conflit, nous nous sommes battus pour faire avancer la lutte tout en cherchant à élargir la brèche entre les dirigeants travaillistes du mouvement et les intérêts de la classe ouvrière. Chaque tournant de la situation a nécessité des luttes à l’intérieur du parti pour arriver à une orientation juste. En cherchant à guider la lutte, nous avons été naturellement conduits à nous baser fortement sur nos quelques petits points d’appui dans le mouvement ouvrier. Nous ne pouvions pas fournir une direction à la lutte sans connaître l’état d’esprit et les pressions s’exerçant sur la classe ouvrière. Notre intervention reposait sur des échanges constants entre nos camarades dans les syndicats et la direction de la SL/B. En fait, ce processus a conduit nos camarades dans les syndicats à devenir partie intégrante de cette direction.

Cela montre quel type de parti nous cherchons à forger, un parti ouvrier révolutionnaire. Un parti composé en grande majorité de travailleurs et dont la politique reflète leurs intérêts de classe. Le rôle des intellectuels dans un tel parti est de rompre avec les méthodes et les attitudes de la petite bourgeoisie et de se subordonner à la défense des intérêts de la classe ouvrière. On ne peut pas construire un parti de la classe ouvrière dans une tour d’ivoire, coupé des travailleurs. Pour l’instant, nos racines dans le mouvement ouvrier sont minuscules. Mais nous devons être très clairs sur notre perspective et nous devons travailler en accord avec elle, ici et maintenant. Dans l’ensemble, notre intervention en Grande-Bretagne a été modeste et nous avons certainement commis des erreurs. Mais je pense qu’elle est riche d’enseignements et qu’elle constitue un petit exemple de ce que signifie fournir une direction révolutionnaire.

En fait, je pense que l’on peut dire la même chose de l’ensemble de notre trajectoire depuis deux ans. Il est important de garder à l’esprit que le processus par lequel nous sommes passés se répétera certainement d’une manière ou d’une autre dans les groupes de gauche du monde entier. Les bouleversements politiques internationaux exercent une forte pression sur la gauche marxiste et il y aura certainement des polarisations et des ouvertures. Les documents soumis au vote de cette conférence apportent des réponses aux questions les plus cruciales qui se posent aujourd’hui. Nous devons intervenir de manière très agressive sur la base de ces documents. Mais il sera essentiel également de faire ressortir les leçons de nos luttes et, espérons-le, de faciliter la tâche à ceux qui, comme nous, cherchent à tracer une voie révolutionnaire. C’est en partie l’objectif de la présence du groupe BL à notre conférence ce week-end.

Conclusion

Pour conclure : comme je n’ai cessé de le répéter tout au long de mon rapport, nous devons aborder chaque question en vue de donner une perspective ouvrière indépendante qui fasse avancer la lutte pour la révolution socialiste. L’étape suivante consiste ensuite à ancrer concrètement cette perspective dans une compréhension marxiste des rapports entre les classes et des obstacles à un moment et à un endroit donnés.

Après trois ans de lutte acharnée, nous avons fait d’énormes progrès. Mais ce n’est que le début. Ne sous-estimons pas la précarité de notre situation. Notre parti est loin d’être consolidé sur la politique des documents de conférence. Nous devons encore nous endurcir davantage ; les événements mondiaux promettent d’être impitoyables et de punir sévèrement toute défaillance. Ceux qui n’ont pas assez de cran pour tenir dans une lutte constante et acharnée ne sont pas dans le bon parti. À l’approche de la conférence, certains camarades l’ont compris et ont démissionné. Bon vent. Nous allons de l’avant, plus déterminés que jamais, et plus clairs que jamais sur nos tâches dans cette nouvelle période. Cette conférence est le premier pas dans cette direction.

À bas le centrisme et le sectarisme ! En avant vers une IVe Internationale reforgée !