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https://iclfi.org/pubs/ro/2024-debardeurs

Lois de retour au travail, arbitrage, campagne hystérique des médias, chambre de commerce, Trudeau et son ministre du travail… La campagne pour écraser les débardeurs est déjà commencée—comme pour les travailleurs du rail avant eux, le Front commun avant ça, le port de Vancouver avant ça, les débardeurs de Québec depuis deux ans, etc. C’est le temps d’enfin gagner une victoire du côté syndical ! Oui mais comment ?

Les débardeurs du SCFP 375 vont en grève de trois jours contre Termont, un employeur délinquant qui se moque de la convention collective. Bien. Mais est-ce que ce sera un coup de semonce utile à mobiliser pour la victoire de la grève générale, ou est-ce une façon de défouler les membres pour mieux les enfirouaper par après ? D’après l’ex-directeur québécois du SCFP Marc Ranger, « c’est un peu comme les grèves à intensité variable dans la fonction publique ». La stratégie perdante du dernier Front commun est bien la dernière chose dont les débardeurs ont besoin !

Si on reprend ces stratégies, ou la stratégie de la direction des débardeurs de 2020-21 qui a mené à plier devant la loi sur le retour au travail, on va arriver au même résultat : la défaite. Faire confiance à la médiation gouvernementale, à Trudeau, ou à toute autre agence du gouvernement ou des patrons ne peut jamais mener à la victoire. Les alliés des débardeurs ne sont pas les partis dirigeants, mais les travailleurs ici et à l’international : l’ILA prépare une grève historique sur la côte est américaine, voilà avec qui il faut faire alliance ! Quant à Trudeau et son gouvernement minoritaire en déconfiture à Ottawa, c’est en fait maintenant l’occasion en or pour les débardeurs de battre ce régime antisyndical—voyez ce qu’il vient de faire aux cheminots !

« Ça serait pire sous Poilievre » nous dit-on. Sans doute—mais la classe ouvrière ne peut pas combattre les conservateurs avec Trudeau, mais contre lui. Ce ne sont pas les manigances parlementaires non plus qui vont gagner. Et ce n’est sûrement pas la loi « anti-scab » (vraiment, une loi anti-ligne de piquetage) non plus.

Ce qu’il faut, c’est :

  • Une grève solide avec des lignes de piquetage étanches qui arrêtent le port, jusqu’à ce qu’on ait fait reculer les employeurs, point final.
  • Se préparer maintenant à l’inévitable loi de retour au travail : faire appel à tout le mouvement syndical du Québec et du Canada (et aux États-Unis même) pour qu’il s’engage à partir en grève lui aussi dès qu’une telle loi est déposée !
  • Une direction syndicale qui ne compte que sur la force des membres, et non pas sur des manœuvres légales et parlementaires qui ne font toujours que mener à la défaite.

La victoire des débardeurs serait la victoire de l’ensemble du mouvement syndical, et pourrait réellement commencer à faire changer le cours des choses en faveur des travailleurs et des plus démunis !