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Ces élections sont une supercherie. Chaque candidat proclame qu’il s’opposera à Trump, qu’il réduira la dépendance à l’égard des États-Unis, qu’il protégera les emplois et l’économie, qu’il défendra la gestion de l’offre, etc. La vérité, c’est que peu importe qui gagne, le Canada recevra une énorme gifle de la part des États-Unis, et les dirigeants canadiens en feront payer le prix à la classe ouvrière. C’est déjà le cas avec les tarifs et les contre-tarifs douaniers, qui nuisent aux travailleurs des deux côtés de la frontière, alors que les usines ferment et que les prix à la consommation montent en flèche.

Les libéraux vont probablement remporter les élections. Est-ce que c’est parce qu’ils ont de meilleures solutions que les conservateurs ? Sûrement pas : ils disent tous la même chose sur les questions importantes. Beaucoup de gens soutiennent le banquier technocrate Carney parce qu’ils pensent qu’il peut mener une lutte contre Trump mieux que le politicien de carrière Poilievre. Et pour d’autres, c’est parce que Carney est le « moindre mal » par rapport à l’homme de Trump, Poilievre. D’un autre côté, une grande partie des travailleurs canadiens avait déjà transféré son appui aux conservateurs en réaction au « wokisme » libéral, qui a accompagné la dévastation économique pendant les années Trudeau. Mais les deux candidats de « l’Équipe Canada » s’inclineront devant Trump pour protéger les intérêts des grandes entreprises.

Carney et Poilievre prétendent pouvoir construire une économie canadienne « résiliente » et « indépendante » des États-Unis. Mais les capitalistes canadiens sont incapables de résister aux États-Unis, notamment parce qu’ils dépendent d’eux pour près de 80 % de leurs exportations. Tous les discours sur la « diversification » des échanges ne peuvent masquer cette réalité. (Voir notre article « Le capitalisme canadien va capituler », 20 février.)

Leurs promesses de construire en grand—qu’il s’agisse de projets d’infrastructure pour renforcer l’économie en déclin ou d’habitations pour atténuer la crise du logement—reposent sur des fondations en faillite. La stratégie de Carney, qui consiste à « dépenser moins et investir plus », pompera des milliards de dollars d’argent emprunté dans le secteur privé, tout en réduisant les services publics, augmentant l’inflation et faisant baisser le niveau de vie. La stratégie de Poilievre, qui consiste à « couper les taxes et les impôts », alimentera les bénéfices des entreprises afin d’accroître la « compétitivité » des capitaux. Ni l’un ni l’autre ne peuvent repousser la mainmise de Trump sur le Canada. Les États-Unis exigeront des concessions qui seront payées sur le dos des travailleurs.

Qu’en est-il du Bloc Québécois et du NPD ? Le chef du Bloc, Blanchet, a raison de dire qu’Ottawa trahira les intérêts du Québec. Pourtant, il dit que le Bloc défendra le Québec ... en alliance avec les dirigeants d’Ottawa. Le NPD prétend quant à lui qu’il combattra la cupidité des entreprises et augmentera les services publics. Pourtant, pour défendre les travailleurs, Singh promet de tenir les libéraux sous surveillance ... ce qui veut dire implicitement qu’il appuie les libéraux contre les conservateurs. Ne vous laissez pas tromper !

Ce qu’il faut, c’est une opposition à Trump ET à « l’unité nationale » d’Équipe Canada. Seuls les travailleuses et travailleurs peuvent s’opposer à Trump et à ses laquais canadiens. Mais une telle opposition n’existe pas à l’heure actuelle, ce qui montre la faiblesse et la désorientation de la gauche et du mouvement ouvrier.

Dans ces élections franchement inutiles, nous conseillons à la classe ouvrière de ne pas gaspiller son vote en faveur de ces partis qui vont les trahir. La meilleure chose à faire pour ceux qui veulent se battre pour les intérêts de la classe ouvrière est de combattre l’hystérie de « l’unité nationale » et de préparer les travailleuses et travailleurs à leur propre défense. Si le Parti communiste révolutionnaire, qui se vante constamment d’être le « plus grand groupe marxiste du Canada », avait un peu de cran révolutionnaire, il mènerait une campagne en ce sens. Nous leur avons proposé de le faire, mais ils ont refusé. Plutôt, ils restent sur la touche avec des slogans abstraits qui ne remettent pas en cause l’emprise des dirigeants traîtres actuels. Le Parti communiste du Canada présente des candidats, mais sans perspective de lutte des classes. Ils n’offrent pas d’opposition aux contre-tarifs ni à « l’unité nationale », les obstacles centraux à la mobilisation d’une opposition contre la classe dominante.

Les libéraux et les conservateurs font chanter la population en lui disant de se préparer à la pauvreté pour éviter l’annexion, faisant le lit de l’austérité et des attaques. Les dirigeants syndicaux se sont rangés derrière les partis patronaux et l’Équipe Canada, une trahison totale des intérêts de la classe ouvrière. Il n’y a personne à soutenir dans ces élections et la classe ouvrière est faible et divisée. Il est urgent d’unir les travailleuses et travailleurs sur une stratégie pour faire face à l’assaut qui s’annonce. Nous disons aux classes ouvrières canadienne et québécoise de préparer une réponse commune directement avec les travailleuses et travailleurs américains et mexicains pour lutter contre les tarifs douaniers et la coercition de Trump. Envoyez des délégations au-delà de la frontière pour organiser une conférence nord-américaine des syndicats autour d’une perspective de lutte des classes. Luttons sur les bases suivantes :

  • Non à l’Équipe Canada, les patrons vont capituler devant Trump. Seul la classe ouvrière peut se battre !
  • À bas l’impérialisme américain et canadien. Pas touche au Mexique ! Pour l’indépendance du Québec! Défendez la Chine !
  • Non aux tarifs douaniers, aux contre-tarifs et à l’accord de « libre-échange » ACEUM. Luttons pour une alliance anti-impérialiste de la classe ouvrière !
  • Pas un sous pour les armées impérialistes. À bas l’OTAN/NORAD ! Stoppons les livraisons d’armes à l’Ukraine et à Israël !
  • Les dirigeants des syndicats et du NPD sont des lèche-bottes des libéraux. Forgez une direction syndicale de lutte de classe et un véritable parti ouvrier !